jeudi 25 juin 2015

DE GAUCHE ? le piège à con

La gauche au pouvoir, aux responsabilités, paye des prises de positions, des discours, des postures dont elle usait largement pendant ses nombreuses années d’opposition – indignations en veux tu en voilà, protestations, défense irréfléchie de statu quo -, au prétexte que – bien entendu, c’est sa nature – les mesures proposées par la droite étaient de droite. A chaque fois, il était question de s’opposer au changement, aux réformes, injustes dans leurs modalités, sans dire aussi qu’elles étaient bien souvent nécessaires, mais devaient être aménagées autrement.
Ce sont tous ces discours, et postures qu’elle se voit aujourd’hui opposer, rappeler, et qui lui reviennent comme un boomerang.

Les médias notamment – mais après tout c’est leur rôle -, depuis 3 ans, jouent au jeu de massacre, à tous les coups on gagne. Il suffit de rapprocher telle mesure, telle action, concrète, ici et maintenant, et la mythologie d’antan. « Et ça, c’est de gauche ?? » et faute d’un discours clair, on louvoie.
L’effet est dévastateur. Accusations de trahison, de tromperie, de faire une autre politique que celle pour laquelle… Le peuple de gauche est découragé. Beaucoup, déboussolés, deviennent sensibles aux pires sirènes.

Une certaine idée répandue, prégnante, de la gauche – fortement ancrée dans les représentations, à la fois des gens de gauche, et des opposants – associe celle-ci à la générosité, l’attention aux défavorisés, la sympathie avec la souffrance, la largesse, l’indulgence. Ce sont là autant de valeurs hautement positives. Mais elles peuvent se dévoyer ou s’interpréter, dans une perception de droite comme dans des pratiques qui se veulent de gauche, en relâchement, gaspillage, laisser-faire et faiblesse, aveuglement, préférences et finalement injustice – ce qui est le contraire exact de ce qu’on recherche.

Or la commisération, l’apitoiement, le laxisme, le laisser-faire, la négligence, la complaisance, le relâchement NE SONT PAS les valeurs de la gauche. Tout au contraire. Ce sont les traits de la caricature qu’en fait la droite, faisant feu de certaines dérives et contresens d’aucuns qui confondent charité et solidarité.

Il est temps, pour clarifier la politique gouvernementale, peut-être même pour donner de la substance au discours du PS, (qu’est ce qu’une gauche AU gouvernement, et pas seulement DE gouvernement ?) de renverser le courant avec des idées simples, martelées, qui affirment clairement des valeurs fondatrices et des principes. Un moyen, dans l’urgence : communiquer avec des slogans forts, qui changent les idées reçues ou les fausses images, remettent les choses en place, aujourd’hui.

Genre ces quelques aphorismes :

(affirmer la gauche aujourd’hui)

La gauche ce sont des valeurs. Pas des mythes ni des dogmes ni des postures, ni du prêt-à-porter ni des recettes d’antan.

Une politique de gauche, c’est affronter le réel, armé de valeurs. Pas plaquer des mesures d’un autre temps.

Faire ceci ou cela, c’est de gauche ? Piège à con. La vraie question : quelles valeurs sous-tendent ?

La gauche ce n’est plus je te protège, c’est je te trampoline. Amortir la chute, permettre de rebondir.

On ne regarde pas tel défaut de l’écorce, on regarde l’arbre. Replacer dans la globalité. Mais éviter les défauts de l’écorce.

La gauche n’est ni gentillesse ni complaisance. Elle est solidarité, ce qui va avec exigence.

La justice, c’est la générosité plus la rigueur.

Le coulage n’est pas de gauche, il coule la gauche.

Contrôler n’est pas stigmatiser. C’est restaurer la confiance en une politique juste.

Les efforts, c’est aussi de gauche quand il le faut, mais justement répartis.

La gauche c’est sans conservateur. Figée ça rancit. Ça reste frais longtemps quand ça se renouvelle.

La précarité, c’est le changement sans la solidarité. Conserver rend précaire.

 (communication)

Deux piliers d’un discours de gauche. La raison et non l’émotion. Eclairer la complexité et non simplismifier. Anti-BFM TV.

Ne diaboliser rien ni personne, jamais. Ne pas canoniser non plus. Analyse concrète de situations concrètes. S’y efforcer.

Info en continue anxiogène. Stresse. Ne peut-on informer avec sérénité calme rationnellement ?

La gauche ne sait plus se faire entendre d’un peuple inquiet. Le FN si, avec des gros mots. Attisant les peurs.

Dérision qui rabougrit. Si nos médias rendaient compte de l’appel du 18 juin, ils diraient que De Gaulle veut maquiller sa désertion. Que Blum avec les congés payés prépare la présidentielle.

(sur le national et l’européen)

L’horizon national nous bouche la vue. Seuls c’est fini. Notre majorité est vaine si minorité en UE. Convaincre, non repli, ni FN comme bouderie.

Les grandes décisions se négocient au niveau de l’UE, après nationalement on les met en musique. Inutile la politique alors ? Non, avec la même ligne mélodique, on peut faire du Jean Ferrat ou du Mireille Mathieu.

Il faut être majoritaires en Europe. Pour le moment c’est pas le cas. Y travailler. Et si on se mettait d’accord avec les gauches d’autres pays, les écouter d’abord, les comprendre, les convaincre.

Notre mentalité de vainqueurs 1918 1945. Négociation, compromis, demi-mesure : connais pas. Position de principe = paresse de l’esprit.

Merde alors ! Tous les Européens ne sont pas Français ! Avant tous les Français n’étaient pas Provençaux ! Et les Provençaux pas tous Marseillais !

(pratique politique)

Assez de gâchis. Combattre le Front national. Échapper au piège de la droite. Sans panique ni peur ni anathèmes.

Il faut TENIR. Tenir bon, tenir le cap, tenir droit, tenir ses promesses, tenir serré. Tenir tête pour tenir le bon bout.

Dénoncer le social-traitre = 0 voix pour la Goch2Goch. Inquiétude et défiance produites : un boulevard pour le FN. Voir précédents historiques

   
 (contre quelques idées toutes faites)

Disneyland. 6Mvisiteurs, 1er site visité de France. Que n’a-t-on pas reproché à Fabius d’accepter, trahir la gauche. Qui s’en plaint aujourd’hui ?

Une grosse fonction publique, c’est soviétique, pas forcément de gauche. Ce qui l’est : la qualité du service, pour tous.


Et bien d’autres encore. Qui s’y met aussi pour contribuer à briser les idées reçues, élaborer et construire de nouvelles représentations ?

dimanche 14 juin 2015

Mon 6ème sens(phone)

Mais allô quoi ? ODE.

Tout a commencé avec la perte du fil, le cordon coupé. Pas une commodité, une révolution copernicienne.

Bonjour de Haïti
Jusque là, le téléphone était lié à un lieu. On vous appelle, on vous y trouve, ou pas. Non il n’est pas là, je peux lui faire une commission ? Avantage : hors d’atteinte, on ne peut pas vous emmerder avec des questions de boulot. Mais on peut aussi vérifier que vous êtes là. Ou tout le monde peut décrocher. C‘était qui, cette voix féminine qui a subitement raccroché ? Vaudeville.

Le mobile est lié à une personne. Çà change tout. Vous êtes accessible 24/7, suspect si vous ne décrochez pas. L’absence de réseau n’est plus un bon prétexte. Mais on ne sait pas d’où vous répondez, sauf à mettre bêtement la cam. Oui, oui, tout de suite Monsieur le Directeur, dis-je voluptueusement allongé. Mais ça, c’était l’antiquité, le vieux Nokia.

Avec les smartphones (j’ai pas trouvé mieux en français), c’est autre chose. Je peux être, à tout moment, en contact avec ma fille, mes amis, à des milliers de kilomètres. Plus proches, bien plus, que des copains à quelques rues, que finalement je ne rencontre qu’épisodiquement. Des rencontres, justement. J’en fais non plus seulement où mes pas me guident, mais sur des réseaux à l’infini. Extension du domaine des contacts. Je peux voir, entendre, à la seconde, ce qui se passe partout ailleurs, par le truchement de TVs ou d’un témoin sur place, tout en déambulant dans mon petit périmètre. Je me trimbale, partout, avec bien plus de dictionnaires que je n‘en ai jamais eu, d’infinies bibliothèques, discothèques, médiathèques, mes œuvres préférées, ou que je n’aurais pas eu la chance de découvrir. Pour le meilleur et pour le pire ? Bien entendu, comme tout, depuis Esope.

Jusque là j’avais ma vue, mon ouïe, mon odorat, mon toucher, mon goût, que j’ai dû éduquer ; je m’habitue à jouir d’un sixième sens, l’ubiquité.